Facultés de médecine et CHU : un partenariat scientifique incontournable

Voici un texte écrit à quatre mains avec le professeur Philippe Ducrotté sur les liens entre la faculté de médecine et pharmacie de Rouen et le CHU de la même ville. Le livre « La faculté de médecine et pharmacie de Rouen » est publié dans la collection LGM Institutions.

La coopération entre UFR de médecine et Centre hospitalier universitaire, répondant à d’évidents besoins de concertation relatifs à la gestion du personnel, à l’enseignement et à la recherche, est prévue par l’article L6142-1 du code de santé publique : « Les centres hospitaliers et universitaires sont des centres de soins où, dans le respect des malades, sont organisés les enseignements publics médical et pharmaceutique et post-universitaire, ainsi que, sans préjudice des attributions des autres établissements de recherche et d’enseignement, la recherche médicale et pharmaceutique et les enseignements para-médicaux. Ils sont aménagés conformément à la mission ainsi définie.»


Aussi, les modalités de cette coopération entre les deux pôles hospitalier et universitaire du campus de Rouen ont fait l’objet de deux conventions, en 1976 et 2014, qui en précisent le cadre directeur. A la communauté d’efforts éducative et scientifique, est venue cependant au fil des ans se superposer un souci partagé nouveau : développer l’attractivité de ces deux structures au niveau régional, national et international. Cette coopération entre faculté de médecine et hôpital, au-delà de ses aspects prévus par la loi, est donc nécessairement innovante et ouverte sur l’extérieur. Elle s’intègre dans une perspective plus vaste, celle de la valorisation de la région Haute-Normandie.
La réunion sur un même site des structures hospitalo-universitaires a en effet permis d’optimiser la gestion des personnels et de l’enseignement, et ce à tous les échelons. Sont concernés :

  • les personnels qui ont fait l’objet d’une nomination par les arrêtés ministériels annuels fixant les effectifs temporaires et titulaires du CHU affectés dans les UFR de sciences médicales, science pharmaceutique et d’odontologie ;
  • les étudiants de premier et deuxième cycles, accueillis dans les stages hospitalo-universitaires définis par les instances compétentes et assujetties à des conventions de stage établies en commun par les deux parties.
  • les étudiants de troisième cycle reçus pour leur stage dans les services médicaux
  • les personnels ingénieurs, administratifs, ouvriers et de service dont la mise à disposition entre les deux établissements est prévue dans le cadre de conditions fixées par voie réglementaire.

La gestion de ces personnels obéit à un certain nombre d’impératifs. D’abord, la mutualisation des ressources : CHU et université procèdent régulièrement au recensement et à l’évaluation des moyens mis en oeuvre pour répondre aux besoins universitaires et hospitaliers. Cette évaluation permet notamment d’optimiser les budgets, qu’il s’agisse des sites de formation, des équipements matériels, ou des ressources humaines et pédagogiques.
Ensuite, un impératif d’harmonisation et de lisibilité. Ainsi, on affiche avec force les axes de recherche et les thématiques d’excellence définies ensemble, et on favorise l’accueil et la réussite des étudiants… La coopération hospitalo-universitaire s’efforce d’intégrer le mieux possible non seulement les projets d’établissement respectifs, mais aussi les fédérations hospitalo-universitaires (FHU), les contrats passés avec les autorités de tutelle respectives, les contrats de projet Etat-Région et les conventions signées avec les collectivités territoriales, la communauté d’Universités et établissements (ComUE) « Normandie-Université » et les partenaires industriels. Aussi, différents établissements publics à caractère scientifique et technique ou organismes de recherche, notamment l’Inserm, sont étroitement associés à cette gestion concertée.
Enfin, les deux structures s’efforcent en s’épaulant l’une l’autre de peser avec plus d’efficacité auprès des instances régionales et nationales. Elles oeuvrent ainsi de concert pour le maintien et le développement de postes d’assistants spécialistes des hôpitaux et des postes partagés avec les établissements publics de santé de Haute-Normandie. De même, les ministères chargés de l’Enseignement supérieur et de la Santé se voient régulièrement solliciter la création de nouveaux postes de chefs de cliniques assistants. La pugnacité de ces démarches est profitable à l’attractivité, non seulement du campus Santé de Rouen, mais encore de la Haute Normandie et de l’inter-Région Nord-Ouest dans son entier. Par ailleurs, la consolidation sans faille des emplois hospitalo-universitaires fait du campus-Santé un môle d’activité pérenne précieux pour la ville de Rouen…
Il est toutefois essentiel de souligner que, dans l’intérêt même des deux acteurs, cette collaboration n’est nullement vécue comme exclusive. Au contraire, faculté de Médecine et CHU s’engagent statutairement à mutiplier les échanges nationaux et internationaux, à favoriser la mobilité des personnels comme la mise en place de stages pour les étudiants. Est instaurée au sein du CHU une Commission des affaires internationales où siège le doyen de la faculté. De même l’association d’établissements de santé publics ou privés est explicitement prévue dans la convention de 2014.
Cette coopération renforcée a donc permis aux deux acteurs de renouveler l’approche de leurs missions traditionnelles d’enseignement et de recherche. Ce faisant, elle a par ailleurs posé les jalons à la fois d’une réflexion éthique et d’une meilleure appréhension de la visibilité et de l’attractivité du Pôle Santé.
La synergie hospitalo-universitaire est ainsi à la source de plusieurs dispositifs d’enseignement innovants. De nouvelles pratiques ont été promues : e-learning, formation à distance, TICES, plateforme Moodle, téléenseignement… Quant au Medical Training Center, il a vocation à répondre aux besoins de formation initiale des étudiants comme à celle continue des professionnels de santé. En effet, ces différentes innovations s’intègrent dans une perspective plus large : l’universitarisation des formations paramédicales et la pénurie de professionnels de santé. La création d’un département d’université d’odontologie intégré à l’UFR de médecine et pharmacie relève de cette démarche transversale de formation. Or, l’implication des professionnels de santé normands, la création de réseaux d’accompagnement tout au long de la formation sont autant de puissantes incitations à la fixation en Haute Normandie des futurs professionnels.
Autre domaine d’étroite collaboration, la recherche translationnelle et clinique de haut niveau, axée sur l’innovation diagnostique et thérapeutique, a vu la mise en place d’un comité de recherche en matière biomédicale et de santé publique (CRBSP) auquel participent le Centre hospitalier universitaire, la faculté de Médecine et l’université pour définir les grandes orientations stratégiques en matière de recherche. Les axes de développement, définis en conformité avec les priorités de santé régionales, ont permis une stratégie tant locale, avec l’encouragement à participer à des études cliniques des sites hospitaliers non universitaires, qu’interrégionale. On peut souligner à cet effet le rôle des regroupements hospitaliers, des projets des différentes FHU, du groupement interrégional de recherche clinique et d’innovation (GIRCI) et de la ComuUE Normandie université. De fait, cette stratégie commune permet, non seulement de structurer la recherche en soins, mais aussi de pérenniser les partenariats avec la région et l’Institut de recherche IRIB, notamment les postes d’assistants régionaux de recherche et de soutenir les projets émergents. Plus profondément, le partenariat entre université et hôpital a permis de faire face avec plus d’acuité aux nouvelles problématiques de recherche : évaluation, valorisation et communication. Pour que le site de Rouen soit reconnu comme un acteur incontournable en matière de recherche sur les thématiques d’excellence identifiées, se sont développées une culture de partenariat avec les acteurs externes et une politique sans faille de soutien à la publication scientifique. En parallèle, se mettaient en place des actions de communication conjointes qui ont accru la visibilité du campus.
L’attractivité et la visibilité sont en effet un enjeu majeur. A une époque où les territoires se retrouvent facilement en concurrence et où rester visible est une nécessité vitale, le campus de Rouen a décidé d’accroître sa présence numérique. Or, cette nouvelle préoccupation ne passe pas sans une meilleure interopérabilité des deux systèmes d’information, dans l’intérêt tant des chercheurs que des étudiants et des enseignants. Un groupe de travail s’efforce ainsi de faire exister à côté du campus physique un « campus numérique ». Cette transition vers une culture du numérique est un souhait commun des deux acteurs qui souhaitent tout à la fois : mutualiser leurs compétences de manière à être plus facilement identifiés, notamment auprés des appels à projet européens ; partager les préoccupations communes en matière d’hébergement des données ; investir dans les réseaux haute définition.

Cette adaptation aux nécessités du temps n’empêche pas toutefois les deux structures d’être plus que jamais fidèles à leur vocation humaniste. On peut noter en ce sens la création d’un Espace éthique régional dont le président de l’université et la directrice générale du CHU sont cofondateurs. L’ancrage croissant du campus dans le territoire rouennais est bien le signe d’une double volonté : développer une culture scientifique, technique et humaniste de la santé, et parfaire l’attractivité et l’insertion régionale des chercheurs, enseignants et étudiants.

 

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